C’est entre le 5 et le 9 avril 2021 que l’artiste-graffiti Chika est venue réaliser une œuvre sur le MUR de Mouans-Sartoux. Alors que beaucoup n’ont pas pu assister au déroulé de cette performance compte-tenu des restrictions sanitaires, Tina et Barbara sont allées à sa rencontre pour vous apporter quelques éclairages quant à son parcours et à son œuvre.
Une échappée mexicaine au travers du prisme du graffiti
D’origine mexicaine, Chika est une artiste-graffiti qui mixe la tradition muraliste latino-américaine aux arts urbains plus underground. Ses œuvres abondent de symboles et de références aux divinités pan-mésoaméricaines qu’elle fusionne avec la calligraphie urbaine révélant son profond ancrage dans l’univers du graffiti. Chika : ce nom, elle ne l’a pas choisi : des amis artistes l’ont un jour nommée « chica »[1] et ce blaze[2] lui a bien plu. Il lui rappelle ses origines mexicaines. Pour se l’approprier définitivement, elle a remplacé un « c » par un « k ».
Lors de sa performance, l’artiste a eu à cœur de nous emmener dans son univers largement marqué par son parcours artistique. Un univers qu’elle crée au travers du spray, une technique bien maîtrisée. Dans cet article, nous allons vous donner les clés pour mieux appréhender cette nouvelle fresque.
[1] Chica : fille, jeune fille, femme en espagnol.
[2] Blaze : c’est le nom que se donne un artiste de graffiti. Il est souvent choisi pour l’harmonie des lettres entre elles.
Se faire une place dans le milieu de l’art et plus particulièrement du graffiti quand on est une femme, Chika raconte.
C’est en travaillant dans un magasin spécialisé en fournitures artistiques que Chika a rencontré pour la première fois des artistes urbains. Devenus des amis, elle se rend alors aux vernissages de leurs expositions et se passionne rapidement pour leur pratique artistique. Elle décide d’en apprendre les codes et les règles, d’abord par curiosité, et c’est tout naturellement qu’elle prendra en main son premier spray pour commencer à créer sur les murs.
Elle l’avoue : être une femme dans le milieu du graffiti et de l’art en général n’est pas évident. Comme beaucoup, elle a eu à prouver qu’elle disposait des mêmes capacités qu’un homme. Et c’est un challenge qu’elle semble avoir relevé avec succès à l’instar de la graffeuse Lady K[1], une autre artiste-graffiti que Chika mentionne régulièrement.
[1] Lady K : artiste du crew 156 qui se consacre entièrement au graffiti et qui s’est spécialisée dans les lettrages.
Mouans-Sartoux : une fresque chargée de références
Des Quetzalcoatl, un panda et ce nombre, le 156, que représentent-ils ? Pourquoi prennent-ils place tous ensemble sur une seule et même fresque ?
Au travers de cette œuvre, Chika nous raconte un peu de sa vie. Le Quetzalcoatl, sorte de serpent à plume, est l’une des principales divinités pan-mésoaméricaines qui nous rappelle les origines et la culture de l’artiste.
Parce qu’elle voulait un logotype identifiable et réalisable très rapidement, Chika a créé dès son entrée dans le monde du graffiti ce panda qu’elle peut aujourd’hui réaliser presque les yeux fermés tellement elle a eu d’occasions de le représenter.
Le nombre 156 est une référence à son crew[1] . Le crew 156 All Starz – de son nom complet – a été créé au milieu des années 80 à New-York par les artistes urbains Jonone, Rac7 et Kyle en référence à la 156ème Rue qu’ils occupaient. Dans le monde entier, de nombreux artistes renommés font partis du crew tels que L’Atlas, Cope2 et même le rappeur Joey Starr.
[1] Crew : un crew est un groupe (ou une communauté) qui se réunit pour graffer ensemble. Les membres d’un même crew utilisent en général un nom pour s’identifier entre eux
