“Il y a de la place pour tout le monde dans l’art”
C’est l’état d’esprit de Djoulay La Papaye, Julie Faucon de son vrai nom, une artiste engagée et passionnée. Pourtant, l’art n’est arrivé dans sa vie que très récemment. Il y a deux ans, une amie lui a proposé de candidater à ses côtés pour un festival des talents sur la Côte d’Azur.
Julie, depuis toujours très manuelle, ne faisait alors que des meubles créatifs. Comme elle était la seule à concourir dans cette catégorie, l’équipe du festival ne l’a alors pas sélectionné. Pour pouvoir y participer, elle se met donc à dessiner et décroche le premier prix les deux années qui suivent. Petit à petit, Djoulay La Papaye se découvre à travers son art en tant qu’artiste évidemment, mais aussi en tant que femme. Sans même le rechercher, elle trouve doucement son esthétisme. Elle commence à peindre en noir et blanc, ayant d’abord peur de l’utilisation de la couleur, elle se lancera quelques temps plus tard avec le soutien de son entourage. Aujourd’hui, une grande majorité de ses oeuvres sont en couleur.
Utilisant l’art comme thérapie et comme exutoire, elle se livre à nous à travers ses dessins. On perçoit une femme forte et sensible, concernée par ce qui l’entoure et par le monde dans lequel elle vit. Djoulay La Papaye explique son processus artistique comme un dragon, une boule d’émotion grandissant jusqu’au débordement, jusqu’à l’explosion… sur la toile et sur les murs. Chacune de ses œuvres reflète son état d’esprit au moment de la création. Ainsi, chaque dessin, chaque peinture, devient une partie d’elle même, comme une extension de sa personne. Malgré son désir d’interpeller, elle ne porte pas d’importance aux avis portés sur ses œuvres. Elle sait que même si ça ne leur parle pas, ils vont s’en souvenir.
Ayant beaucoup baigné dans la mixité étant enfant et ayant une forte attirance pour les personnes de différentes ethnies, de différentes cultures, Djoulay La Papaye, à l’aide de ses œuvres, fait une vraie éloge de la diversité française. Grâce à ses peintures, elle prône l’acceptation et la tolérance : “Nous sommes tous différents, et c’est justement ça qui est génial, personne ne se ressemble”. Elle sensibilise également son public à la cause animale en pointant du doigt en peinture ce que nous refusons parfois de voir. Elle peint pour cela des espèces en voie de disparition en tâchant de leur donner une voix et d’appuyer l’importance qu’ils ont dans le monde.
Sa première série de dessin porte sur la nature, sur les animaux, et met en relief leur puissance et leur sagesse. Cette série fût exposée dans un petit bar près de chez elle où elle se rendait chaque jour, curieuse de découvrir les premières impressions portées sur ses dessins. Par la suite, Djoulay a créé de série de tableaux sur le thème de la nature, notamment la série Mister Kong qui expose des gorilles aux traits marqués, presque austères, contrebalancés par des couleurs douces et rassurantes. Le gorille étant son animal totem, elle en fait son sujet favori dès ses débuts :
“C’est un animal [le gorille] très proche de l’Homme. Je le trouve très expressif même si il n’est pas doté de parole” Djoulay La Papaye
Djoulay La Papaye, malgré ses débuts sur toile ne se cantonne pas à ces formats classiques. Plus le support est grand, plus elle se fait plaisir. Elle s’essaye alors au street-art. D’abord sur un abribus, puis sur les murs, et au final un peu partout. Elle apporte de la couleur et de la gaieté aux villes de la côte d’Azur. Elle travaille avec La School, Label Note et l’association Unwhite it qui, ensemble, ont mis en place le Festival Coul’Heures d’Automne (1ère édition du 17/10/20 au 31/10/20) dans la ville d’Antibes. Cet été, la Coul’box de la place Nationale a exposé quatre Marianne, symbole français. Ces femmes dessinées par Djoulay ne ressemblent pas à la Marianne que nous avons l’habitude de voir, ce sont des femmes de toutes les couleurs, de culture métissée, venant d’une France pluriculturelle et enrichie par cette mixité. On retrouve aujourd’hui nombre de ses gorilles, de ses animaux exotiques, de ses Marianne dans les rues de nos villes, sur la côte d’Azur.
Le fait d’avoir vécu en France, pays de diversité, et en Martinique pendant quelques temps a beaucoup influencé son travail, notamment sa série en cours de création opposant Les Fumeuses et Les Crâneuses. Les Fumeuses sont des femmes fortes et accomplies, généralement de couleur. Elles sont dessinées fumant le cigare parce qu’il est symbole de réussite. Les Crâneuses sont tout l’inverse, elles sont synonyme de jeunesse, d’insouciance et sont souvent blanches. Cette opposition ne cherche pas à éloigner ces femmes mais au contraire, à les unir. Que ce soit par leur lutte, leurs difficultés communes malgré leurs différences, ou par leur force.
Djoulay La Papaye cherche aujourd’hui à exposer à Paris afin d’augmenter sa visibilité. En effet, depuis le 31 juillet dernier, elle a fait de l’art son métier et compte bien ne pas lâcher le morceau. Elle a une devise : « Rien est impossible et tout est possible ». Cette artiste fait preuve d’une détermination peu commune, elle est bien décidée à surmonter toutes les épreuves afin d’offrir à ses enfants la vie dont elle rêve pour eux, mais aussi afin de s’épanouir dans sa passion devenue travail, tout en continuant de défendre ses valeurs, et sa vision des choses : « Il y a de la place pour tout le monde dans l’art ».
Portrait réalisé et rédigé par Amalia Marchand pour l’association Unwhite it.
Merci à UNWHITEIT & Amalia pour ce bel article je suis vraiment touchée de cette mise à l’honneur!!!
Bravo à vous, sans vous le monde serait moins beau 🙂
Merci à toi Djoulay de colorer nos vies 🙂